Torna in Home Page
 HOME FRA » Société » La famille ressource de la société » Le défi de la bonne parentalité    

Le défi de la bonne parentalité   versione testuale
La tenue du deuxième des « Dialogues pour la famille » organisé par le Dicastère



Pour la deuxième fois à l’occasion du cycle des « Dialogues pour la famille » organisé par le Conseil pontifical pour la famille, la Salle Pie XI a été réchauffée par la participation animée des spécialistes et du public, attentif et passionné, à la conférence-séminaire sur le thème « La mère et le père dans l’éducation des enfants. L’amour imparfait » qui a eu lieu le Mercredi 29 Mai 2013.
 
« Le thème de la famille, aussi vaste que le monde, avec tous les enjeux qui en découlent et qui concernent l’humanité, a un intérêt global, et doit être traité sous différents aspects, surtout sur le plan culturel » a ainsi déclaré le président du Dicastère, Mgr Vincenzo Paglia, en adressant ses salutations initiales à l’assemblée. Mgr Paglia a ensuite cité le Pape émérite Benoît XVI, à l’occasion de la Fête de Saint Joseph en 2009 : « Être père, c’est avant tout être serviteur de la vie et de la croissance ». Nous sommes en pleine « crise d’un modèle éducatif fort ». Et « le programme éducatif est fort quand il a une identité, solide et vitale ». À la base, il y a l’amour. Le modèle parfait, qui inclut et guérit chaque naturelle et humaine imperfection, est la relation qui unit Jésus à Marie et à Joseph. Comme l’a écrit le Pape Ratzinger dans « L’enfance de Jésus » : «En tant que Fils Jésus apporte une nouvelle liberté, cependant pas celle de celui qui est sans aucun lien, mais la liberté de Celui qui est totalement uni à la volonté du Père ». Et « cette synthèse unique entre l’obéissance et la liberté est l’un des secrets de la spiritualité chrétienne » a encore souligné Mgr Paglia.
Les parents se partagent ensemble la tâche difficile de l’éducation. Mais, dans notre société, « le père est absent » et « l’égolatrie est souveraine », la nôtre est « une culture qui favorise l’'individualité et la solitude ». Toutefois, un projet éducatif sain suit la voie de l’obéissance-liberté. « L’amour parfait n’est pas exempt de défauts – a enfin conclu Mgr Paglia – mais il vit dans l’équilibre entre l’autorité, l’obéissance et la liberté, dans la communion de la famille fondée sur le respect de la vocation de chacun ».
 
Pour le modérateur, Claudio Risè, « les manifestations des imperfections dans l’amour des parents ne peuvent pas être comprises en les réduisant à une histoire de famille. Aujourd’hui, le malaise de beaucoup de familles ne peut pas être séparé d’une attentive observation sur l’être humain en général. Ce sont les caractéristiques fondamentales de l’homme qui sont en question : est-il une créature ou un créateur ? Est-il libre ou est-il manipulé par la technologie ? ». Et « l’éloignement de l’homme de Dieu n’est pas sans importance. La relation avec l’autre est affectée par la marginalisation de la relation de l’homme avec Dieu ». En effet, « la relation avec le divin est une synthèse et une inspiration de la relation avec l’autre. L’homme devient un objet et le mystère se réduit à un problème à résoudre. Lorsque le problème est résolu, il disparaît. L’impénétrabilité du mystère est inadmissible. Les relations affectives sont faibles parce que l’autre est aimé en tant qu’objet, et non pas dans sa différente liberté et sa personnalité ». « L’amour parfait est harmonieux et éduque à une véritable autonomie, qui n’est ni anarchie ni dépendance ». « Les formes déviantes de la parentalité produisent au contraire de l’agressivité et de l’anxiété, de l’insécurité et une faible estime de soi, ainsi que de l’inadaptation». Pour une éducation harmonieuse, « il faut un père et une mère, avec des rôles différents et complémentaires. Jusqu’à 14 ans, l’âge auquel se termine le développement psycho-intellectuel, les enfants ont besoin de ces deux figures pour devenir un adulte bien adapté, conscient de sa valeur et responsable, capable de résoudre les conflits et de trouver des médiations, comme le démontre de nombreuses études scientifiques ». La mère représente le refuge, le confort, la sécurité, alors que le père enseigne le rapport avec les règles et leur observation par le jeu. Il ne s’agit pas de « situations qui ne sont visibles que dans les spots publicitaires, mais de la réalité, et ce pour plus de la moitié des ménages observés de façon scientifique ». Beaucoup dépend aussi – observe en outre la chercheuse – des conditions économiques et de la sécurité de l’emploi. « Les enfants dont les mères sont sensibles et aimantes, et dont les pères sont présents et jouent avec eux, ont un rendement scolaire et social meilleur, une meilleure estime de soi et des relations plus stables ». Au contraire, « les enfants des mères distantes, qui ne répondent pas aux besoins de sécurité de leurs enfants, ou qui sont obsessionnelles, intrusives, qui veulent tout contrôler et sont surprotectrices, grandissent avec des niveaux élevés d’anxiété et sont incapables de gérer leurs émotions. Ainsi, les pères qui sont autoritaires, ou qui ont renoncé à exercer leur paternité avec autorité, ont des enfants qui ont une tendance à l’agressivité, voire à la violence, et sont anarchiques ». Selon des études menées aux États-Unis, plus de 70% des mineurs qui commettent des crimes proviennent de milieux monoparentaux ».
 
Selon Giuliano Ferrara, sous le profil socio-politique, la question de la paternité est liée à celle de l’autorité. La crise de la parentalité et l’absence du père, dans notre société, a sa contrepartie dans la crise de l’autorité. « La France, l’Espagne, bientôt l’Angleterre et sûrement l’Allemagne, adoptent des lois qui annulent toute différence au nom de la non-discrimination : on parle de ‘tuteur 1’ et de ‘tuteur 2’, de ‘parent 1’ et de ‘parent 2’ ». On affirme le principe de l’autodétermination sur celui de l’éducation. Le rôle du père, en tant qu’éducateur à la conformation libre aux règles, disparaît, ainsi que le principe d’autorité. En effet, « l’autorité est le chrisme de la paternité ». Et la paternité a été « un acquis de la civilisation » dont « l’Église est dépositaire ». « Il ne peut pas y avoir de reconstruction de la figure paternelle dans le contexte d’une culture laïque, mais seulement dans la dimension de la foi de ceux qui regardent le monde non seulement à la hauteur de l’air qu’ils respirent, mais avec le regard encore plus élevé, en quête de sécurité et de protection, mais aussi de règles certaines et d’une autorité véritable ».
 
Costanza Miriano a fait part de son expérience en tant que mère de quatre enfants et journaliste. Elle affirme ainsi qu’ « il ne peut y avoir d’autorité parentale que dans le cadre d’un projet éducatif clair, qui a un but défini et qui saisit l’essence de la vie. Mon mari et moi disons à nos enfants que le but de la vie est le Paradis. Cela peut sembler une chose simple, mais il n’en n’est pas ainsi ». L’obéissance – ajoute par ailleurs Mme Miriano – est fondée sur la vérité. L’autorité est fondée sur la vérité et sur l’amour. « L’essence de l’éducation est que dans tout être humain cohabitent le bien et le mal, et donc dans chacun de nous, il y a quelque chose à retenir, quelque chose à développer et quelque chose à protéger ». L’engagement à l’éducation de la part des parents représente un « travail d’équipe ». « Ce qui compte, c’est qu’il y ait un horizon commun vers lequel tendre, sans tâtonnement et sans essais ». Pour le couple de parents Miriano, « la familiarité avec Dieu représente cet horizon, ainsi que le sens de la vie ».
 
Dans une fort belle relation théologique et morale, le père Olivier Bonnewijn a montré que « la parentalité est fondée sur l’amour conjugal. Le livre de la Genèse dit que l’homme quitte la maison de son père et de sa mère pour s’unir à son épouse. Telle est l’origine de la filiation. La filiation est enracinée dans la parentalité qui est à son tour enracinée dans la conjugalité ». Ce fondement anthropologico-social est miné par le divorce. « L’enfant continuera certainement à être aimés de ses parents, mais l’un séparément de l’autre : la source de l’amour, que le couple représente, vient à manquer. Maman et papa ont des rapports distincts avec leur enfant, et ce dernier devient le garant de la continuité de la relation avec ses parents ». L’enfant est ainsi « adultisé », « parentalisé », et il n’est plus respecté en tant qu’enfant. « Un renversement de la relation parent-enfant se vérifie, avec des effets dans la vie sociale ». Au contraire, « la norme morale voudrait que les enfants soient traités comme des enfants et non pas comme des adultes. C’est une question de justice : reconnaître aux enfants ce qu’on leur doit ». Comme l’affirmait Jean-Paul II lui-même : « Les parents doivent vouloir la nouvelle créature comme la veut le Créateur, c’est-à-dire pour elle-même ». Voici donc quelques « règles morales de bonne parentalité » pour familles unies ou séparées : « être disponibles avec l’enfant, dire sincèrement la vérité, l’élever dans la liberté d’expression des besoins et de la parole, lui donner sa juste place d’enfant (de sorte qu’il ne soit ni invisible ni envahi) et rechercher la concorde dans l’éducation ».
 
print
Copyrights 2012. All rights reserved Pontificium Consilium pro Familia