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Pour une Charte européenne des droits de la famille   versione testuale
Entretien de Mgr. Piotr Mazurkiewicz avec l’agence d’information « Sir Europe »



L’Europe, comme on le sait, connaît une crise démographique profonde. Bien que ce soit l’un des problèmes fondamentaux du Vieux Continent, il ne recueille plus beaucoup l’attention des politiciens et ne se place pas non plus au premier rang des programmes des partis politiques européens. De même, le temps et l’espace que les médias consacrent à ce phénomène est plutôt réduit.
 
La crise démographique − comme l’a emphatiquement déclaré Gérard-François Dumont à la Conférence internationale « Les droits de la famille et les défis du monde contemporain », organisée par le Conseil pontifical pour la famille, du 19 au 21 Septembre 2013 à Rome – n’est pas directement liée à la prolongation de l’espérance de vie moyenne des Européens, mais elle dépend d’une diminution de la fertilité, qui a commencé depuis les années 60 du XXème siècle. L’« hiver démographique » européen trouve son origine dans la culture actuelle, caractérisée par une crise du mariage et de la famille, et dans le manque d’une volonté d’investir sur l’enfance. Il est tristement révélateur que, dans une Europe enlisée dans un hiver démographique, la politique consacre une si grande importance à promouvoir la contraception, l’avortement et les relations entre les personnes du même sexe.
 
Dans ce contexte, il est clair que l’Église catholique attache tant d’importance à la Charte des droits de la famille, publiée il y a trente ans. Cette Charte est la réponse de Jean-Paul II à la demande formulée par le Synode des Evêques, qui avait eu lieu à Rome en 1980. Les attaques organisées par certains politiciens et certains juristes contre le mariage et la famille, durant ces années-là, furent la cause immédiate qui porta à demander une intervention du Pape. Jean-Paul II souligna que l’institution du mariage et de la famille est essentielle pour la vie sociale, aujourd’hui comme hier, et qu’aucun pays ne peut se permettre d’ambiguïté dans ce domaine. « L’avenir de l’humanité passe par la famille » a ainsi écrit Jean-Paul II dans « Familiaris consortio ».
 
Le premier devoir de l'État consiste à respecter l’identité de l’institution du mariage et de la famille. Il est impossible de mener une politique familiale adéquate si l’on a une conception erronée de la famille. Il est difficile de comprendre la nature du mariage et de la famille si l’on affirme que la procréation ne leur est qu’incidemment reliée. Il est étrange que d’avoir à expliquer à des personnes « instruites » que le mariage, qui est une union intime de vie dans la complémentarité entre un homme et une femme, est l’institution naturelle à laquelle est exclusivement confiée la mission de transmettre la vie.
 
La crise démographique du Vieux Continent – a encore ajouté Dumont – contribue également à la création d’une pression économique contre les personnes âgées. Le droit de tuer des innocents fait partie, dans certains pays européens, du système juridique local, et le thème de la planification des assassinats des innocents (euthanasie involontaire des enfants handicapés et des personnes atteintes de démence sénile) fait partie du débat public. Dans le débat public, l’idée de « vies indignes d’être vécues » (Lebens unwertes Leben) est également partagé par une élite sociale. Habituellement, l’euthanasie est initialement approchée avec compassion, mais la thèse visant à protéger le public contre les coûts excessifs dus à une population vieillissante est celle qui prend rapidement le dessus. Personne ne semble tenir compte que le véritable problème, même en Europe, n’est pas celui des personnes âgées, dont la majorité est toujours efficace, mais que le principal problème est celui du manque d’enfants.
 
Lors de la conférence organisée par le Conseil pontifical, l’attention a été centrée sur l’avenir de la Charte des droits de la famille qui semble un peu oubliée, trente ans après. Une des questions les plus débattues a été de savoir si – face aux nouveaux défis et à la lumière de l’évolution du droit international – il ne serait pas opportun d’intégrer la Charte avec quelques amendements, en particulier dans le domaine des droits de l’enfant (toujours en rapport avec les droits des parents) et des droits des personnes âgées. Il s’agit d’enrichir, et non pas de modifier, les contenus qui sont tout à fait valables et actuels. Il ne faut pas courir le risque de réduire l’importante contribution de vérité que la Charte a apportée au niveau culturel et politique.
 
Jean-Paul II avait un grand « rêve » : que la Charte des droits de la famille devienne un jour la base de la Charte internationale des droits de la famille, un document qui serait contraignant pour les pays signataires. La crise de la famille dans le Vieux Continent, qui se manifeste aussi sous la forme d’une crise démographique, sera peut-être un jour lue avec une attention majeure et plus juste par la majorité des politiciens européens. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il pourra y avoir enfin une impulsion et une contribution décisive à l’élaboration d’une Charte européenne des droits de la famille : ce « rêve » d’un Pape ne pourrait-il pas être un thème de réflexion et de projet en vue des élections européennes de Mai 2014 ?
 
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